Mardi 14 Avril 2009
Dans son 12e album, « Quiet Nights », la chanteuse de jazz se réapproprie des standards brésiliens de bossa-nova. Un disque élégant et chic. Rencontre.
Diana Krall a des faux airs de Lisa Marie Presley. Elle a la poignée de main ferme, le sourire franc, la chevelure blonde, la voix grave, sensuelle, et la silhouette un peu épaissie. «Je mange n’importe comment en ce moment. Je finis tard, je travaille sur l’album de Barbra Streisand à New York. J’essaie de l’emmener ailleurs que sur son terrain habituel. Elle est fantastique dans le registre piano-voix. Dès qu’elle veut rajouter des cordes, je crie “non” ! Elle a enregistré “Ne me quitte pas” de Brel. Je ne sais pas si cette chanson sera sur le disque. Barbra s’implique dans tous les détails, peut passer des heures sur un arrangement.» Comme vous ? «Non ! je sais ce que je veux, je connais mes musiciens, en deux prises, c’est bon.»
Diana Krall a 44 ans. Elle semble enfin à l’aise. Elle rit, écoute, répond aux questions. Chose incroyable. Quand on évoque sa réputation auprès des journalistes, elle coupe : «Ils pensent que je suis horrible...» C’est que miss Krall restait souvent mutique, se contentant du trio «oui, non, peut-être» pendant l’interview et s’excusait ensuite de cette timidité excessive. «J’étais embarrassée par mon succès. “The Look Of Love” (1997) avait si bien marché ! Les critiques avaient expliqué le phénomène par mon image, mon look... Aujourd’hui, je laisse couler. J’adore ma vie.» Elle saisit dans la foulée son BlackBerry pour montrer des photos de ses jumeaux, Dexter et Frank, 3 ans, qu’elle a eus avec le chanteur lunaire Elvis Costello.
Elle a chanté à la Maison Blanche
«Il me tarde de les revoir, ils sont avec leur père chez nous à Vancouver.» C’est évident, cette Canadienne anglophone qui n’avait rien sorti depuis leur naissance est heureuse de changer les couches, de vivre avec un homme dont elle est dingue, épousé en 2003. «Il m’a offert ces bottes Chanel à Noël, il m’achète souvent des chaussures. C’est le meilleur mari du monde.» En plus son king a composé quelques chansons parfaites, dont «Every Day I Write The Book», alors... On digresse. Diana Krall a envie de parler de Paris. «J’y ai passé ma lune de miel. J’adore cette ville, dîner au Dôme, boire du bon vin, l’Olympia... Je n’ai pas l’habitude d’être reconnue. C’est le cas à Paris, contrairement aux Etats-Unis, où une femme m’a félicitée pour mes Grammys. Elle m’avait prise pour Alison Krauss !» Pourtant, cette diplômée du Berklee College of Music de Boston vend des tonnes de CD depuis une bonne dizaine d’années. Elle a reçu des récompenses à la pelle, été adoubée par le fan de jazz le plus connu d’Amérique, par Clint Eastwood, a chanté à la Maison-Blanche d’Obama en hommage à Stevie Wonder, a été invitée à la fête post-Oscars de «Vanity Fair» et est copine avec sir Elton John. Que du bonheur, comme dirait Flavie Flament...
Sinon, elle vendrait son piano, ou presque, pour une tenue couture. «J’aime Chanel et Balmain, Vivienne Westwood et de la Renta.» Son film fétiche est «Eve» de Mankiewicz. Elle apprécie le crooner Michael Bublé, s’identifie à Michelle Obama, «une femme de 44 ans, qui a deux enfants, aime son mari et manifeste un certain goût pour les vêtements». Elle désirerait apprendre le français en sachant qu’elle ne le fera pas, et prévoit une deuxième collaboration avec son cher Elvis, «un album destiné aux enfants, qui ne serait pas gnangnan». Cette sacrée Krall y parviendra sans souci.
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